La Vigie n° 97 (20 juin 2018) : Kim-Trump : deux gagnants ? – Gouvernance : vers le syncrétisme – Vu de la Lorgnette : Aquarius

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Lettre n° 97,  La Vigie du  20 juin 2018

Kim-Trump : deux gagnants ?

Le récent sommet de Singapour entre les présidents Kim et Trump a résulté en une déclaration assez plate et peu engageante : pourtant, les deux protagonistes s’en sont montrés très satisfaits. Il ne s’agit pourtant pas d’un accord « gagnant-gagnant », puisqu’au fond chacun pense avoir dupé l’autre. En fait, au-delà de la question nucléaire (pourtant rien moins qu’anodine), le plus intéressant réside dans les arrière-pensées des deux dirigeants. Ils n’en ont dit mot et aucun commentateur n’a décrypté leurs vrais calculs. Ils sont bien plus subtils qu’on ne le croit.

Gouvernance : vers le syncrétisme

Pour sauver l’idée d’une gouvernance minimale de la planète, il va falloir introduire une dose de mixité dans les principes et valeurs qui l’administrent, notamment au plan régional car l’universel a toujours une couleur locale. Pour préserver les acquis des structures multilatérales anciennes qui périclitent (ONU, OTAN, UE), il va falloir s’attacher à identifier les facteurs de paix et de développement qu’elles portent. Pour y contribuer la France doit se désaligner.

 

Lorgnette :  Aquarius

JDOK

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Photo crédit : The federalist (source)

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Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon (E. Hazane)

Après le sommet de Singapour entre MM. Trump et Kim, et avant que la prochaine Vigie ne revienne sur cette événement, il nous a paru utile de revenir sur la notion de « pays seuil » du nucléaire (militaire). La notion est fréquente, malaisée à définir même si beaucoup citent le Japon comme l’archétype de cette posture. Que signifie-t-elle ? en quoi la Corée du sud peut-elle s’accrocher à une telle approche ? Autant de réponses qu’Eric Hazane décrypte avec talent. Merci à lui. JDK

Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon

Comme le rappelait Igor Delanoe dans un récent article[1] « la zone Asie-Pacifique recèle une série de défis sécuritaires « durs » » parmi lesquels la « menace de nucléarisation des États de la région ». Elle est devenue l’un des probables points de pivotement internationaux des prochaines années. Depuis l’élection du président étasunien Trump fin 2016, les échanges verbaux et belliqueux avec Kim Jong-un ont dangereusement fait monter la pression sur la péninsule coréenne. Ni l’apparente détente observée depuis les Jeux Olympiques d’hiver de février 2018 à PyongChang en Corée du Sud ni la promesse d’un dialogue direct entre Donald Trump et Kim Jong-un ne semblent , à ce stade, empêcher la République démocratique de Corée de franchir rapidement le seuil de capacité nucléaire militaire.

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Cet article interroge les conséquences directes que la possession d’armes balistiques porteuses d’engins nucléaires nord-coréennes pourrait avoir sur son voisinage notamment pour deux pays eux-mêmes potentiellement proches du seuil nucléaire militaire : la Corée du Sud et le Japon. Continue reading « Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon (E. Hazane) »

Nouvelle route de la soie : de la poudre aux yeux ?

René Cagnat et Paul-Henri Ravier, éminents spécialistes de l’Asie centrale, nous envoient cet article passionnant qui fait le point sur la fameuse route de la soie promue par la Chine  : qui n’en a pas entendu parler ? Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : merci à eux de le démontrer pour La Vigie. JDOK

A Astana, la capitale kazakhe, le président Xi Jinping, qui venait à peine de renforcer son pouvoir en Chine, a lancé, le 7 septembre 2013, le concept de « nouvelle route de la soie (NRS) »[1]. Depuis, « l’oncle Xi » a tout fait pour promouvoir son « rêve chinois » d’une liaison terrestre  « commerciale » entre l’Asie orientale et l’Europe, à savoir par exemple :

  • l’accueil en personne qu’il assure le 30 mars 2014 à Duisbourg, à la veille d’une visite officielle en RFA, du premier train de conteneurs en provenance de Chongqing après plus de 10 000 km parcourus en 15 jours au lieu des 45,  voire plus, nécessités par  la voie océanique.
  • la création à Shanghai, dès octobre 2014, de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) financée pour moitié par la Chine et dotée à ses débuts de 100 milliards de $. Elle suscite, tout de suite,  un intérêt considérable : 128 pays y souscrivent malgré l’opposition des Etats-Unis.
  • fin 2015 à Pékin, un sommet de deux jours est consacré à la NRS. Près de 100 pays y participent. Il se confirme alors que ce projet commercial –le plus important qu’on ait jamais vu- concerne 68 pays, regroupe en Asie, Europe et Afrique 4,4 milliards d’êtres humains et représente 40% du PIB mondial. Mille milliards de $ devraient être consacrés à cette entreprise gigantesque jusqu’à sa réalisation complète prévue en 2049 pour le centenaire de la Révolution chinoise.

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Bruits de bottes en Asie ? (P. Tran Huu)

Notre expert partenaire, Pascal Tran Huu, nous propose un intéressant billet sur les incidents des mers de Chine. Merci à lui. JDOK

L’Amiral SHI-LANG était un officier sous les dynasties MING et QING.  Comme commandant de la flotte mandchoue, il a conquis l’île de Formose en 1683 et en devint l’un des premiers gouverneurs.  Il est l’un des rares à avoir obtenu un titre de Marquis transmissible héréditairement. (Dans la Chine impériale, les titres de noblesse étaient accordés à une personne, ses descendants devaient faire preuve de mérite pour se voir anoblis de nouveau par l’Empereur).  L’Amiral Shi-Lang a, d’ailleurs, fait l’objet d’une série télévisée en 2006 et de quelques films qui ont eu un énorme succès en Chine continentale mais beaucoup moins à Taïwan…Dans un contexte de regain de nationalisme, il n’est guère étonnant que le premier porte-avion chinois ait reçu, dans un premier temps, le nom de l’amiral avant de devenir le Liaoning.  Le retour de cet amiral impérial dans l’imaginaire collectif chinois permet, par la même occasion, à la Chine de conforter et de justifier sa position en Mer de Chine méridionale ce qui n’est pas sans inquiéter les Etats-Unis et ses alliés. Pour autant, doit-on craindre l’émergence d’un conflit de haute intensité dans les années à venir ?

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Il faut, avant tout, (cliquer pour lire la suite) Continue reading « Bruits de bottes en Asie ? (P. Tran Huu) »

Les nouvelles Routes de la Soie et l’Asie Centrale : l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) en première ligne… (E. Dupuy)

La tenue, les 7 et 8 juin 2017, à Astana, au Kazakhstan, du 17ème Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS, crée le 15 janvier 2001) aura été l’occasion de mettre en exergue la spécificité de la seule Organisation intergouvernementale réunissant 5 des 6 États d’Asie centrale – ex-républiques soviétiques (à l’exception du Turkménistan) et la seule créée et de facto « influencée » par Pékin.

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Au-delà, c’est désormais les interactions géo-économiques et les convergences géopolitiques entre l’OCS et le projet chinois des « nouvelles Routes de la Soie » (One Belt, One Road, OBOR) qu’il convient de prendre en compte afin de se rendre compte combien ce nouveau « Grand jeu » va profondément bouleverser les relations internationales.

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Corée du nord – Amérique : bluff nucléaire ?

L’escalade nucléaire entre la Corée du Nord et les États-Unis est aujourd’hui rhétorique. Cela est d’ailleurs conforme à la logique de la stratégie nucléaire qui donne une part belle aux discours et aux signaux. La plupart du temps, dans le cas de puissances nucléaires établies et reconnues comme telles, ces discours suffisent. Dans le cas de la Corée du Nord, l’ambiguïté de la reconnaissance pose problème et explique en grande partie les rodomontades que nous entendons. Le plus rationnel semble d’ailleurs Kim il Jun (il est loin d’être fou, contrairement à ce que racontent beaucoup de commentateurs candides), même si Donald Trump est lui aussi plus rationnel qu’on ne le dit, malgré son impulsivité.

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N° 73 : Point sur la Chine | Afghanistan : toujours plus confus | Loyauté et réserve

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

Un point sur la Chine à l’été 2017

Au loin, la Chine joue un rôle clé dans nos représentations stratégiques, comme on l’a exposé en détail en 2015 (cf. LV 14).

Une puissance déconcertante. Souvent perçue comme une énigme, la Chine focalise les peurs d’un Occident qui subit sa relativisation et tente d’échapper au changement de paradigme stratégique (cf. LV 58 et 61). Civilisation résurgente, masse hors normes, vaste espace souvent illisible -mais désormais au premier rang économique mondial-, elle apparaît comme une puissance déconcertante qui esquive les rapports de force. Et elle semble se dérober, sinon au pouvoir, du moins à la puissance selon les canons occidentaux. Si elle veut prendre le meilleur de l’Occident, elle entend bien garder le meilleur de la Chine. Elle parle plus volontiers de développement pacifique, de coopération et d’harmonie que de conflit et préfère la compétition agile à la confrontation directe. Trop bouger, c’est nuire à l’harmonie des choses. Elle privilégie donc les jeux ouverts  […]

Afghanistan, toujours plus confus

Qui s’intéresse encore à l’Afghanistan ? La dernière fois que la France l’a fait, c’était au moment de l’élection présidentielle de 2012 : autant dire, une éternité ! À l’époque, il s’agissait juste de savoir si on allait retirer tout de suite les troupes françaises de la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (FIAS, sous direction de l’OTAN) ou si on attendrait la fin de l’année. Depuis, ce pays trop complexe a été vite oublié.

Pourtant, voici un des champs d’opérations sur lequel la guerre se déroule continûment depuis des décennies. Alors que les stratégistes sont attentifs à l’Irak et à la Syrie, observent de loin ce qui se passe en Libye ou dans la bande sahélo-saharienne, savent bien qu’un massacre se déroule au Yémen, rares sont ceux qui surveillent encore l’Asie centrale. Or, le sujet risque de revenir rapidement au premier plan […].

Lorgnette : Loyauté et réserve

Sourceimage :Fenners1984 via Visualhunt / CC BY-NC-ND

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N° 69 : Des Corées | Du retour à la paix | Nouvelles batailles syriennes

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

Des Corées

Oublions un peu la France, l’Europe et l’Afrique pour évoquer un point chaud de la planète : la péninsule coréenne. Avec la Syrie (Voir Lorgnette), c’est l’un de ces théâtres asiatiques de conflit semi-ouvert où se défient les puissances, où se régulent les rapports de force et où s’affiche la nouvelle puissance américaine. Vu de Paris, ce foyer de crise renseigne assez bien sur la dynamique stratégique nouvelle que règlent Pékin, Moscou, Washington et New York, et dont Bruxelles et les Européens sont assez absents. […]

Du retour à la paix

Prenons aussi le temps de revenir aux classiques, car c’est toujours fructueux. Ainsi, la lecture de « Penser la guerre, Clausewitz » par Raymond Aron permet de comprendre bien des choses aujourd’hui. L’intellectuel avait voulu étudier le théoricien de la guerre pour évaluer son apport à la doctrine de dissuasion. Le livre fut publié en 1976 chez Gallimard (avec l’asssistance de Pierre Manent pour certaines relectures). Après avoir lu toutes les œuvres de Clausewitz (CVC), Aron constate qu’il y a deux caractéristiques chez lui : la fameuse « formule » (« la guerre est la continuation de la politique par d’auters moyens »), mais aussi la distinction des deux types de guerre, ce qu’Aron désigne par « la grande querelle ». C’est ce point méconnu que nous voulons évoquer ici car il nous semble fort instructif pour nos conflits contemporains. […].

Lorgnette : Nouvelles batailles syriennes

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Source image : BRJ INC. via VisualHunt / CC BY-NC-ND

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La commission militaire centrale et le pouvoir du président Xi (A. Payette)

Voici un sujet négligé en France : celui de la construction du pouvoir du président chinois Xi, qui semble vouloir durer. Or, il s’appuie fortement sur l’Armée Populaire de Libération (APL) et la question des nominations est cruciale puisqu’elle articule les questions militaires aux questions politiques. Dans cet article, un jeune chercheur, Alex Payette, décrit les hommes de cette manœuvre. Merci à lui. JDOK 

Lors d Source

 

À quelques mois du 19e Congrès du Parti communiste chinois, Xi Jinping s’affaire à placer ses hommes à des postes clés tant en province (p. ex gouverneurs, secrétaires du Parti, etc.), dans les hauts organes du Parti (p. ex département de la propagande, commission disciplinaire, etc.) que dans les hautes sphères du commandement de l’armée populaire de libération (APL), dont la commission militaire centrale (CMC). Au moins cinq individus devront être remplacés à la fin 2017 – en raison de leur âge avancé, dont Fan Changlong [范长龙] (1947), Chang Wanquan [常万全] (1949), Zhao Keshi [赵克石] (1947), Wu Shengli [吴胜利] (1945) et Ma Xiaotian [马晓天] (1949). Continue reading « La commission militaire centrale et le pouvoir du président Xi (A. Payette) »

N° 67 : Où va la Turquie ? | Autre chose, autrement | Corée du Nord et États-Unis

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

Où va la Turquie ?

Trois jours après le premier tour de l’élection présidentielle, parler d’autre chose que de la France tient de la gageure, surtout après la pauvre campagne que nous avons eue. Cela étant, il n’est que voir l’intérêt inquiet que cette élection a suscité de par le monde pour relativiser aussitôt l’opinion malsaine de tous ceux qui se complaisent à décrire la France comme une puissance marginale. Pour autant, elle est loin d’être la puissance influente qu’elle pourrait être et devrait donc être. Cela étant noté, décentrer le regard permet de mieux apprécier, par contraste, ce qui advient chez nous. Le récent « référendum » qui s’est tenu en Turquie illustre que si notre démocratie est bien malade, les choses paraissent pires ailleurs. Le système turc semble très fragile […]

Autre chose, autrement

Une période vient de s’achever en France. C’est autre chose que les Français attendent et autrement qu’ils veulent vivre en France. Le dernier attentat sur les Champs-Élysées puis le premier tour présidentiel ont rappelé cette évidence. On ne peut plus vivre installés dans la précarité culturelle, économique, sécuritaire et la subir avec la patiente vertu des victimes désignées. On ne peut pas continuer à appliquer avec obstination des politiques publiques tenues en échec depuis quinze ans. On ne peut pas non plus s’en remettre à d’autres pour redéfinir nos points d’équilibre intérieur ni s’exonérer d’ambition nationale au motif que la crise est générale autour de nous. On peut encore moins dénoncer des commanditaires extérieurs quand les assassins sont citoyens français et quand on fraie avec ceux qui les soutiennent. […].

Lorgnette : Corée contre États-Unis

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Source image : Alain Bachellier via VisualHunt / CC BY-NC-SA

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