Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon (E. Hazane)

Après le sommet de Singapour entre MM. Trump et Kim, et avant que la prochaine Vigie ne revienne sur cette événement, il nous a paru utile de revenir sur la notion de « pays seuil » du nucléaire (militaire). La notion est fréquente, malaisée à définir même si beaucoup citent le Japon comme l’archétype de cette posture. Que signifie-t-elle ? en quoi la Corée du sud peut-elle s’accrocher à une telle approche ? Autant de réponses qu’Eric Hazane décrypte avec talent. Merci à lui. JDK

Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon

Comme le rappelait Igor Delanoe dans un récent article[1] « la zone Asie-Pacifique recèle une série de défis sécuritaires « durs » » parmi lesquels la « menace de nucléarisation des États de la région ». Elle est devenue l’un des probables points de pivotement internationaux des prochaines années. Depuis l’élection du président étasunien Trump fin 2016, les échanges verbaux et belliqueux avec Kim Jong-un ont dangereusement fait monter la pression sur la péninsule coréenne. Ni l’apparente détente observée depuis les Jeux Olympiques d’hiver de février 2018 à PyongChang en Corée du Sud ni la promesse d’un dialogue direct entre Donald Trump et Kim Jong-un ne semblent , à ce stade, empêcher la République démocratique de Corée de franchir rapidement le seuil de capacité nucléaire militaire.

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Cet article interroge les conséquences directes que la possession d’armes balistiques porteuses d’engins nucléaires nord-coréennes pourrait avoir sur son voisinage notamment pour deux pays eux-mêmes potentiellement proches du seuil nucléaire militaire : la Corée du Sud et le Japon. Continue reading « Seuil nucléaire militaire en Asie-Pacifique : le cas de la Corée du Sud et du Japon (E. Hazane) »

Retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne : une injustice pour les Iraniens (A. Amir-Aslani)

A la suite de notre numéro 95 (lire ici gratuitement), nous sommes heureux d’accueillir Maître Ardavan Amir-Aslani qui est avocat d’affaires à Paris. Il a publié plusieurs livres sur l’Iran et le Moyen-Orient dont le dernier, De la Perse à l’Iran, 2500 ans d’histoire (L’Archipel, 2018).

Le 8 mai dernier, les États-Unis se sont retirés de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne le 14 juillet 2015, une décision assortie du rétablissement de l’intégralité des sanctions levées, et de nouvelles sanctions à l’encontre des multinationales qui voudraient investir en Iran.

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Vu de Téhéran, cette décision constitue une injustice d’autant plus grande que l’Iran a toujours respecté ses engagements à la lettre. Ce point fut formellement confirmé par l’AIEA dans onze rapports successifs, et rappelé dès le 9 mai par son président Yukiya Amano. Continue reading « Retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne : une injustice pour les Iraniens (A. Amir-Aslani) »

Revue stratégique : la guerre du papier (J.-Ph. Immarigeon)

Revenons à la Revue Stratégique de Défense et de Sécurité Nationale d’octobre 2017 qui reste d’actualité puisqu’elle est censée cadrer la politique française pour les années à venir. Il serait intéressant de la confronter aux autres productions de ces derniers mois comme la National Defense Strategy, la National Security Strategy ou la Nuclear Posture Review, récents avatars des Papers et Reviews qui fleurissent depuis un quart de siècle de l’autre côté de l’Atlantique. Ceux qui lisent cette littérature se seront rappelés la vieille blague qui circulait jadis Place du Colonel Fabien : si L’Humanité est plus chère que la Pravda, c’est qu’il faut compter les frais de traduction.

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Pour produire du papier, serait-il numérique, l’Amérique ne craint personne. La Revue Stratégique française entre dans ce qu’un officier allemand nommait en juin 1940, devant le spectacle d’un camion de notre état-major versé dans un fossé avec son chargement de rapports, « la guerre du papier ». Et comme à l’époque, la France la perd. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Revue stratégique : la guerre du papier (J.-Ph. Immarigeon) »

Divergences géopolitiques entre la France et l’Allemagne (P.-E. Thomann)

Nous accueillons aujourd’hui Pierre-Emmanuel Thomann, géopolitologue établi à Bruxelles mais grand spécialiste de l’Allemagne, à laquelle il a consacré sa thèse et un ouvrage de référence (Le couple franco-allemand et le projet européen, 2015). C’est donc avec sagacité qu’il observe les évolutions de la position géopolitique allemande à l’heure de la grande coalition mais aussi de Donald Trump, tout en s’interrogeant sur les vues françaises qui lui paraissent décalées par rapport au nouvel état des lieux. Nous le remercions vivement. JDOK.

 

Alors qu’une nouvelle coalition politique en Allemagne a reconduit Angela Merkel comme chancelière pour un quatrième mandat et qu’Emmanuel Macron s’est d’emblée placé sur une ligne européiste, il est utile de s’interroger sur les relations entre les deux pays selon l’angle géopolitique et les temps longs.

Source (Prix Charlemagne  une récompense prématurée)

L’évolution de la posture géopolitique allemande

L’Allemagne est sans doute au sommet de sa prospérité et de sa puissance depuis la Seconde Guerre mondiale et sa situation géopolitique n’a jamais été aussi avantageuse. Cette situation est susceptible désormais de se relativiser sous l’effet de la contestation de ses adversaires mais aussi de ses alliés vis à vis de sa position prépondérante dans l’UE. L’Allemagne deviendra de plus en plus un frein à des initiatives politiques d’envergure, en raison de ses divisions internes résultant de désaccords croissants sur ses priorités géopolitiques. À plus long terme, l’incertitude sur son orientation géopolitique va croître aussi. Continue reading « Divergences géopolitiques entre la France et l’Allemagne (P.-E. Thomann) »

Géopolitique de la France (Diplomatie , les grands dossiers n°44, avril-mai 2018).

Les magazines publient régulièrement des hors-séries spécialisés qui sont quasiment des livres. Le dernier Diplomatie se penche ainsi sur la Géopolitique de la France, thème qui nous est cher puisque un de nous a publié un livre éponyme (voir ici et ici). Merci donc à M. Cuttier de nous proposer une fiche de lecture de  ce dossier. JDOK

Comme elle l’avait fait dans le grand dossier de 2015[1], la rédaction de la revue propose un nouveau grand dossier portant sur la Géopolitique de la France, qui s’avère être un bilan de la politique internationale et de la capacité d’influence de la France, en 2018. Au premier abord, les thèmes évoqués sont semblables[2] : Souveraineté, Défense, Terrorisme, Soft power, enjeux maritimes, agriculture, diplomatie … En 2015, il a s’agissait de considérer la politique conduite par le président Français Hollande, cette fois l’objectif est de montrer les évolutions depuis l’élection du président Emmanuel Macron. Et si dans l’éditorial de 2015, Alexis Bautzmann s’interrogeait sur le repérage des facteurs du  déclin français en s’appuyant sur les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Montesquieu, trois ans plus tard, il part des effets des tensions identitaires attisées par la crise migratoire sur l’avenir de l’Europe. Une Union devenue un lieu d’affrontement idéologique quant à la conception que s’en font les peuples sur fond de Brexit, de crispations nationalistes, de menace terroriste persistante, de nouvelle politique américaine et de défi russe. La revue aborde les enjeux géopolitiques que la France est amenée à affronter en Europe et dans le monde.

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Le soldat, XXe-XXIe siècle (F. Lecointre)

Merci à Martine Cuttier, fidèle de La Vigie, de nous proposer à nouveau une fiche de lecture sur un livre qui vaut le détour, ne serait-ce que par son auteur : le nouveau CEMA. Cette lecture par une civile, enseignant à l’université, mérite (comme toujours) intérêt. JDOK

Nommé chef d’état-major des armées dans les circonstances particulières de la démission du général Pierre de Villiers, le général François Lecointre a mis en avant la nécessité d’écrire. Plus que jamais écrire et lire sont encouragés par l’institution jusqu’au plus haut niveau hiérarchique.

Lorsqu’il commandait les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, le général Eric Bonnemaison créa le festival international du livre militaire : FILM qui se déroule…. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Le soldat, XXe-XXIe siècle (F. Lecointre) »

La Suède – pays alarmiste ? (CV L. Wedin)

Un de nos lecteurs, capitaine de vaisseau de la marine suédoise, réagit à notre dernier numéro. Tant mieux si nous suscitons le débat, merci à lui. JDOK

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Dans La Vigie 89, les auteurs caractérisent la Suède comme pays alarmiste. C’est-à-dire, selon Larousse : « qui est de nature à alarmer la population ». Il y a une notion de peur exagérée dans ce jugement. « Réaliste » serait probablement une description plus précise. Il y a à cela deux raisons principales.

La première raison est géopolitique. (lire la suite) Continue reading « La Suède – pays alarmiste ? (CV L. Wedin) »

L’aire arabe, état des lieux (Pr Chater, Tunis)

Nous sommes heureux de publier ce texte du Pr. Khalifa Chater (de l’université de Tunis), qui vient fort à propos. Merci à lui. JDOK

Nous ne revenons pas ici sur les dessous du “ printemps arabe ”. Fait évident, la géopolitique régionale et internationale a exploité la dynamique sociopolitique interne et a engagé des scénarios déterminants, dans un jeu politique au profit de la mouvance de l’islam politique et au détriment des Etats-nations. Ce qui a mis en cause les rapports de forces d’antan et redessiné la carte géopolitique arabe. Le soulèvement populaire en Egypte a précipité la chute du pouvoir des Frères musulmans. En Tunisie, la soft-révolution de l’été 2013, a suscité la démission de la troïka et a permis, après les élections de 2014, l’établissement d’un régime d’alliance Nida Tounes/Nahdha, à l’appui d’une constitution de consensus, instituant l’état civil, consolidant les acquis du régime bourguibien et établissant la liberté de consensus et la tolérance. Par contre, la guerre civile, en Syrie et en Libye a été aggravée par l’établissement du pouvoir de Daech, le pseudo califat, en Irak, en Syrie et bien au-delà. Ses échecs lui ont ôté sa dimension territoriale, sans écarter ses menaces terroristes. Au Yémen, une guerre d’usure met en danger la population.

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Des nouveaux enjeux.

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Jonquille, de Jean Michelin (fiche de lecture)

Dans un article paru dans Le Figaro, le 18 janvier 2018, repris par l’ASAF, le 24 janvier, le CEMA, général François Lecointre qui a dirigé Le soldat, XXe-XXIe siècle[1], recommande à ses subordonnées, quelque soit leur grade : « Il faut écrire ! » jusqu’à considérer que « faire l’impasse sur l’écriture n’est pas admissible chez ceux qui se disposent à être des chefs militaires ».

Or les militaires d’active écrivent. Il suffit de regarder les dernières pages des revues officielles de l’institution telles Armées d’aujourd’hui, Terre information magazine, Cols bleus, Air actualités…y compris les revues des mutuelles militaires comme Unéo, pour le constater. Le nombre non négligeable de prix que distribuent les Armées encourage l’exercice. Et le Festival international du livre militaire : FILM qui se tient, chaque année à Coëtquidan[2], au moment du Triomphe, permet de le mesurer. Ils écrivent sur le passé et le centenaire de la Première Guerre mondiale[3] offre de multiples sujets mais aussi sur les opérations auxquelles ils ont participées. La Côte d’Ivoire[4] et surtout l’Afghanistan[5] ont inspiré bien des chefs militaires et les opérations au Sahel suscitent quelques titres[6]. Ils écrivent aussi sur la mort[7], la cyberdéfense[8] ou les questions éthiques[9]. Ils écrivent seuls, avec d’autres militaires[10] ou avec des civils[11]. Ils le font sans jamais critiquer les choix de l’institution et prennent souvent la précaution de préciser que le contenu de l’ouvrage ne constitue nullement la pensée officielle ou officieuse de cette dernière. Les éditeurs ne s’y trompent pas, ils publient car ils trouvent un public réceptif.

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Bruits de bottes en Asie ? (P. Tran Huu)

Notre expert partenaire, Pascal Tran Huu, nous propose un intéressant billet sur les incidents des mers de Chine. Merci à lui. JDOK

L’Amiral SHI-LANG était un officier sous les dynasties MING et QING.  Comme commandant de la flotte mandchoue, il a conquis l’île de Formose en 1683 et en devint l’un des premiers gouverneurs.  Il est l’un des rares à avoir obtenu un titre de Marquis transmissible héréditairement. (Dans la Chine impériale, les titres de noblesse étaient accordés à une personne, ses descendants devaient faire preuve de mérite pour se voir anoblis de nouveau par l’Empereur).  L’Amiral Shi-Lang a, d’ailleurs, fait l’objet d’une série télévisée en 2006 et de quelques films qui ont eu un énorme succès en Chine continentale mais beaucoup moins à Taïwan…Dans un contexte de regain de nationalisme, il n’est guère étonnant que le premier porte-avion chinois ait reçu, dans un premier temps, le nom de l’amiral avant de devenir le Liaoning.  Le retour de cet amiral impérial dans l’imaginaire collectif chinois permet, par la même occasion, à la Chine de conforter et de justifier sa position en Mer de Chine méridionale ce qui n’est pas sans inquiéter les Etats-Unis et ses alliés. Pour autant, doit-on craindre l’émergence d’un conflit de haute intensité dans les années à venir ?

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Il faut, avant tout, (cliquer pour lire la suite) Continue reading « Bruits de bottes en Asie ? (P. Tran Huu) »