Figures stratégiques libres (LV 115)

Comment se présente pour la France les rapports de puissance avec ses voisins européens, mais aussi avec la Chine, la Russie et les États-Unis, le triangle stratégique qui domine actuellement la scène internationale? Peut-elle se contenter de la réponse européenne et s’abriter derrière la méthode multilatérale? Cliquez pour lire tout l’article.

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Le triangle stratégique États-Unis, Russie et Chine (D. Suslov)

A nos lecteurs attentifs, voici un très bel et trop rare exemple d’analyse de « grande stratégie ». Il nous est fourni par Dmitry Suslov, un chercheur de l’académie diplomatique de Moscou invité au récent Forum de Limes à Gènes, et témoigne de la vigueur et de la pertinence de l’école stratégique russe. Dmitry que nous avons rencontré nous a aimablement fourni le texte de son intervention que nous avons traduit et édité. Il témoigne ici de la très grande aptitude dialectique de la pensée russe à jouer de ses facteurs de force et de faiblesse et à les intégrer dans une large vision géopolitique balancée qui éclaire le positionnement médian de la Russie, celui-la même qu’évoquait déjà Castex dans des termes voisins dans ses travaux stratégiques des années 1930 (De Gengis-Khan à Staline ou Les vicissitudes d’une manœuvre stratégique, Amiral CASTEX, Édité par Société d’Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales, 1935). Cette réflexion réaliste et brillante fait écho à celle du stratégiste américain Jeremy Shapiro que nous avons également postée récemment sur ce site (lien). Le contraste est éloquent entre deux visions stratégiques alimentées à ces deux écoles qui furent et restent antagonistes. On attend pour compléter ce paysage de trouver un chercheur chinois qui leur fera écho. On tentera de susciter à notre tour une vision française de même niveau. JDOK

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Dès à présent, les relations entre les États-Unis, la Chine et la Russie relèvent de la grande concurrence de puissance qui existe entre eux sur la scène mondiale. Toutefois, cette structure triangulaire n’est que temporaire et provisoire, tant s’agissant des relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine, de leur personnalité stratégique que de la figure géométrique qu’ils composent. Dans 10 à 15 ans, le triangle actuel des grandes puissances se transformera probablement en quadrilatère, l’Inde devenant la quatrième grande puissance mondiale – ou plutôt en trapèze – avec les États-Unis et la Chine, qui seront devenus des acteurs plus puissants que la Russie et l’Inde. Continue reading « Le triangle stratégique États-Unis, Russie et Chine (D. Suslov) »

Grand débat national et réflexion stratégique (J. Dufourcq)

Depuis quelques mois, le pays est agité de manifestations. Le gouvernement y a répondu par l’organisation d’un grand débat national qui arrive à son terme. La Vigie publie ici un texte de son rédacteur en chef, Jean Dufourcq, qui expose sa contribution à ce grand débat national par rapport au besoin de réflexion stratégique. JDOK

Comme nous y avons tous été invités par la lettre du Président de la République du 13 janvier 2019, j’ai débattu avec des proches de notre projet national et européen et des nouvelles manières d’envisager l’avenir. Ce débat informel s’est inscrit dans deux des thèmes retenus pour le Grand débat national, l’organisation de l’Etat et la démocratie.

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La Vigie n° 114 : Le biais religieux | Leçons du Yémen | Lorgnette : Sentinelle dévoyée

Lettre de La Vigie (27 mars 2019)

Le biais religieux

Le biais religieux, implicite ou explicite, affecte toujours la stratégie. Pour s’en convaincre, un tour d’horizon suffit en Europe comme en Asie. Mais le fait religieux peut aussi servir de masque au cynisme des États engagés dans leurs politiques de puissance. Quant aux nouvelles religions civiles, le droit et le climat, leurs approximations affectent aussi la stratégie

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Leçons du Yémen

On peut tirer plusieurs enseignements opérationnels du conflit au Yémen qui dure depuis plus de 4 ans. Notamment qu’il est bien plus symétrique qu’il n’y paraît, qu’il y a de facto deux coalitions juxtaposées, que les Emiriens sont plus agiles, que la stratégie aérienne ne fonctionne pas quand l’embargo naval obtient des résultats, entre autres. Autrement dit, ce n’est pas une guerre irrégulière comme les autres.

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Lorgnette : Sentinelle dévoyée

À La Vigie, nous avons dénoncé l’abus du vocable guerre employé ces dernières années pour désigner les opérations contre les djihadistes ; nous n’avons d’ailleurs guère été convaincus par la distinction entre défense et sécurité. Autant de confusions qui paraissaient dangereuses. Notre inquiétude a été renforcée cette semaine avec la funeste décision d’engager Sentinelle dans un dispositif d’ordre public. Sentinelle est pourtant une « opération » (terme militaire qui obéit à l’article 35 de la Constitution, faut-il le rappeler), « contre les djihadistes ». Ce n’est pas une force supplétive de maintien de l’ordre public (que ce soit en action contre des manifestants ou en garde statique de bâtiments officiels).

Ainsi, un piètre coup de communication politicienne démontre l’absence de réflexion stratégique de la part des responsables actuels qui s’inscrivent dans la lignée de leurs prédécesseurs (soyons justes). Mais ils franchissent aussi hélas un cran dans l’amateurisme, d’autant plus qu’ils censurent par ailleurs la pensée stratégique. Il faut le leur dire avec sévérité. La stratégie est chose sérieuse, la France est un sujet sérieux et l’ordre public une condition requise de la légalité républicaine.

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Le biais religieux (LV 114)

Le biais religieux, implicite ou explicite, affecte toujours la stratégie. Pour s’en convaincre, un tour d’horizon suffit en Europe comme en Asie. Mais le fait religieux peut aussi servir de masque au cynisme des États engagés dans leurs politiques de puissance. Quant aux nouvelles religions civiles, le droit et le climat, leurs approximations affectent aussi la stratégie.

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Leçons du Yémen (LV 114)

On peut tirer plusieurs enseignements opérationnels du conflit au Yémen qui dure depuis plus de 4 ans. Notamment qu’il est bien plus symétrique qu’il n’y paraît, qu’il y a de facto deux coalitions juxtaposées, que les Emiriens sont plus agiles, que la stratégie aérienne ne fonctionne pas quand l’embargo naval obtient des résultats, entre autres. Autrement dit, ce n’est pas une guerre irrégulière comme les autres.

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Le syndrome Grouchy (Le Cadet n° 59)

Le 13 juin 1807, le maréchal Lannes, qui flanc-garde le long de la Alle le reste de l’armée française en route vers Königsberg, voit les Russes traverser la rivière sous son nez au niveau du village de Friedland. A un contre quatre, il met immédiatement ses troupes en rideau et entame un de ces combats de retardement dont il avait le secret, tout en enjoignant Napoléon de rallier le plus vite possible avec les autres corps d’armée. Même si l’hypothèse a été prévue par l’Empereur d’une remontée de l’armée russe vers la Baltique, c’est bien Lannes qui prend la décision de l’arrêter ici et pas ailleurs : aurait-il eu un smartphone qu’il n’aurait servi qu’à informer Napoléon de sa décision. Lannes va disposer à sa guise des renforts de cavalerie arrivés dans la nuit, dont une division de dragons commandée par le général Grouchy, et Napoléon ne reprendra la main que le lendemain après-midi, anniversaire de Marengo. Car c’est ainsi qu’on gagne les batailles, et Napoléon n’a jamais procédé autrement.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/29/Friedland,_1807_(1875)_Ernest_Meissonier.jpg

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S’il avait dû attendre l’ordre du patron, Kellermann aurait chargé trop tard à Marengo et Dupont se serait replié devant Ulm, permettant aux Autrichiens de s’extraire du piège. Mais ça, c’est pour les livres d’Histoire de France, vu qu’on fait aujourd’hui exactement le contraire.

Que nous disent en effet les syndicats de policiers depuis le saccage des Champs-Élysées perpétré sous leurs yeux ? « Les forces de l’ordre perdent toute initiative, c’est-à-dire qu’elles n’agissent que sur ordre, elles n’interviennent que sur ordre. On était en mesure d’intervenir, on ne nous a pas autorisés à le faire. Je mets en cause ceux qui ont décidé que ça se passe comme ça et qui n’ont pas donné les instructions pour que ça se passe autrement. »

Car c’est un choix, on l’a vu lors du massacre du Bataclan durant lequel les militaires de Sentinelle sont restés l’arme au pied. La leçon de Friedland et de tant d’autres batailles est délibérément rejetée ; sur les Champs, c’était aux commandants d’unités d’agir et de demander des renforts. Or la numérisation impose une centralisation pyramidale qui crée l’illusion que si les informations remontent instantanément, les ordres doivent pouvoir redescendre tout aussi vite. Sauf que même avec des Gopro, Napoléon aurait été bien incapable d’avoir une aussi bonne évaluation de la situation que son ami Jean. En pensant pouvoir réinventer un Bonaparte numérique, on fait une grave erreur d’analyse historique et on commet une faute politique qui grève l’avenir.

Ce que nous suggèrent les policiers à Paris comme les artilleurs en Syrie, c’est que la technologie impose un paradigme qui nous mène droit à la débâcle. A Waterloo, un des généraux qui avait pourtant vu Lannes manœuvrer à Friedland attendra lui aussi les ordres. Un précurseur, ce Grouchy, en quelque sorte.

Le Cadet (n° 59)

La rivalité entre les États-Unis, la Chine et la Russie (J. Shapiro)

Nous sommes heureux d’accueillir ce texte de Jeremy Shapiro, directeur d’études au sein du cabinet Geopolitical Futures (le nouveau cabinet de G. Friedmann). Il l’a prononcé l’autre jour, au festival de géopolitique organisé par nos amis de Limes, à Gênes. Nous remercions donc aussi bien J. Shapiro que Limes à cette occasion. JDOK

Avant de commencer, je dois féliciter l’Italie pour sa récente décision d’approuver l’initiative One Belt One Road de la Chine. J’ai entendu dire que l’Italie annoncera son soutien lorsque le président chinois Xi Jinping viendra en visite à la fin du mois. Je viens du Texas, aux États-Unis. J’aimerais que nous soutenions l’initiative One Belt One Road de la Chine dans notre pays également. Nous sommes Américains, et nous sommes Texans aussi, donc nous aimons l’essence, les armes à feu et les grands chapeaux et nous nous sentons très importants. Si la Chine investissait dans la construction d’un nouveau train à grande vitesse au Texas et aidait à construire de nouveaux ports à Houston, à la Nouvelle-Orléans et dans d’autres villes, cela améliorerait nos horribles problèmes de circulation. Je pourrais aussi rendre visite à ma famille plus régulièrement. Ce serait merveilleux.

Navires chinois escortant un bâtiment américain en mer de Chine méridionale. ©Belga

Source Cliquer pour lire la suite Continue reading « La rivalité entre les États-Unis, la Chine et la Russie (J. Shapiro) »

La Vigie n° 113 : Le goût de la paix | Géo XXI | Lorgnette : tension au Cachemire

Lettre de La Vigie n° 113 (13 mars 2019

Le goût de la paix

Tout le monde parle de la paix mais beaucoup se contentent de la disparition de la guerre dure. C’est ne pas voir que ce monde pacifié laisse de plus en plus libre court à une conflictualité multiple, nouvelle “guerre” qui va de pair avec la mondialisation libérale. La paix n’est plus une valeur absolue et dépassant toutes les autres, et par conséquent le goût de la paix s’étiole. Pourtant, dans leur demande de sécurité, c’est bien ce que les peuples exigent.

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Géo XXI

Dans un monde non conforme et multiple, la géostratégie mondiale connait une nouvelle évolution qui doit articuler au début du XXIe siècle hétérogénéité et interdépendance, la virtualisation stratégique que permet la transformation digitale et la régionalisation géopolitique qui rééquilibre la mondialisation. A prendre en compte par la France pour en tirer parti.

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Lorgnette : Tension au Cachemire

La frontière entre l’Inde et le Pakistan s’est brutalement embrasée l’autre semaine. À la suite d’un attentat de séparatistes au Cachemire, l’Inde a riposté avec ses avions de chasse. Une sorte de duel aérien s’est ensuivi, entraînant même la perte d’un MIG 21 indien dans des circonstances obscures. La connexion régulatrice entre les deux puissances nucléaires a fonctionné mais la tension acceptée démontre plusieurs choses.

Tout d’abord, l’escalade indienne puisque ses avions ont pour la première fois depuis 1971 frappé au-delà du Cachemire. Il y a là une stratégie risquée de la part de N. Modi, même si cela fait plusieurs fois que des incidents terroristes impunis frappent l’Inde. Cependant, si l’attentat est revendiqué par un mouvement pakistanais, son auteur est bien un Cachemirien indien. Il pose la question du contrôle indien de cette région : cela signale le durcissement de New-Dehli sur fond de la rhétorique nationaliste qui s’est approfondie ces dernières années. Jeu dangereux.

Dans le même temps, constatons que le Pakistan n’a pas reçu beaucoup d’appui, ni des Américains ni des Chinois. La faute sans doute à une lutte anti-terroriste peu convaincante. Mais l’isolement d’Islamabad est tout autant inquiétant.

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Crédit photo : Jon Himoff on VisualHunt.com / CC BY-NC-SA

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Le goût de la paix (LV 113)

Tout le monde parle de la paix mais beaucoup se contentent de la disparition de la guerre dure. C’est ne pas voir que ce monde pacifié laisse de plus en plus libre court à une conflictualité multiple, nouvelle « guerre » qui va de pair avec la mondialisation libérale. La paix n’est plus une valeur absolue et dépassant toutes les autres, et par conséquent le goût de la paix s’étiole. Pourtant, dans leur demande de sécurité, c’est bien ce que les peuples exigent.

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Géo XXI (LV 113)

Dans un monde non conforme et multiple, la géostratégie mondiale connait une nouvelle évolution qui doit articule au début du XXIe siècle hétérogénéité et interdépendance, la virtualisation stratégique que permet la transformation digitale et la régionalisation géopolitique qui rééquilibre la mondialisation. A prendre en compte par la France pour en tirer parti.

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Algérie, nouvelle donne… ! (par le Pr. Khalifa Chater, Tunis)

Nous sommes heureux d’accueillir cette contribution du professeur Khalifa Chater, professeur émérite de l’université de Tunis. JDOK

 

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De grandes marches populaires ont eu lieu, en Algérie, vendredi 8 mars 2019. Ce mouvement contestataire inédit a débuté le 22 février 2019. Depuis lors, le mouvement a pris de l’ampleur. Les manifestants entendent s’opposer au scénario dicté par le pouvoir, qui engage un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Au-delà de cette dénonciation, les Algériens prennent leurs distances avec un pouvoir usé, qui ne répond pas à leurs attentes. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Algérie, nouvelle donne… ! (par le Pr. Khalifa Chater, Tunis) »